Congrès national 2024 - Le travail à retravailler
Les 17 et 18 octobre, un millier de militants se sont réunis lors du congrès national "Le travail à retravailler". Ensemble, ils ont défini la politique de la CSC pour les quatre années à venir en matière de travail, de revenus dignes et de réorganisation de notre système économique et social.
Revivez-en les meilleurs moments grâce à notre aftermovie.
Les thèmes abordés au congrès 2024:
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Repenser notre système économique et social
Les transitions de la société, sur le plan démographique, du basculement numérique ou de la neutralité climatique, requièrent une adaptation de notre façon d’envisager le fonctionnement de notre système économique et social.
La transition vers la neutralité climatique est motivée par la nécessité de préserver la vie sur notre planète pour tous, y compris pour les générations futures. Nous constatons déjà les effets des vagues de chaleur extrêmes dans certains pays, rendant les conditions de travail insupportables.
Conséquences humaines et économiques
Chez nous, les sécheresses et les inondations ont des conséquences humaines et économiques évidentes. Rendre l’économie climatiquement neutre impose de réorienter les processus de travail et de production et les types d’activités.
Transition numérique
La transition numérique et l’émergence de l’intelligence artificielle peuvent favoriser de nouvelles activités et transformer profondément les tâches des travailleurs. Elles offrent également des opportunités pour accompagner correctement la transition démographique, en créant de nouvelles activités économiques et de nouvelles technologies pour réduire la charge de travail, afin de dégager plus de marges pour répondre aux besoins collectifs de la population, notamment en matière de soins et d’enseignement.
Le chevauchement et les interactions des différentes transitions impliquent que tous les lieux de travail sont ou seront impactés. Les travailleurs doivent donc pouvoir orienter la manière dont les entreprises s’adaptent à ces changements. -
Pour qu'un travail soit décent, il doit générer un revenu décent
L’inégalité de revenus dans la société s’accroît dans le monde entier, en Belgique aussi.Cette inégalité croissante n’a pas seulement des répercussions sur la cohésion sociale entre les individus. Elle est également préjudiciable à la croissance économique à long terme. Une partie de la population est laissée pour compte, et n’est donc pas en mesure de participer et de s’épanouir pleinement. Cette situation a un impact direct sur ces personnes, mais aussi sur le capital humain sur lequel la société est bâtie.
Sécurité sociale, un modèle solide
La Belgique a construit un solide modèle de soutien basé sur la sécurité sociale, mais ce modèle est sous pression. La sécurité sociale et les impôts redistribuent les revenus que perçoivent les individus, mais plus les différences initiales de revenus sont importantes, plus la répartition primaire des revenus est importante, plus il est difficile de combler l’écart par la redistribution.
Réduire les différences
Il est donc essentiel de réduire les différences initiales de revenus avant de parler de redistribution. Il s’agit des différences de rémunérations mais aussi des autres revenus directs comme ceux du patrimoine.
Les différences liées au salaire découlent officiellement des différences entre les secteurs, les fonctions, les régimes de travail et les statuts. Parallèlement, nous constatons qu’il subsiste une différence de rémunération basée sur le genre au détriment des femmes et non justifiable objectivement.
Pour rééquilibrer la répartition initiale des revenus, il convient de travailler sur la transparence de la rémunération, d’exposer les différences injustifiées et d’obtenir un ratio équitable entre les salaires et les autres revenus. L’objectif est de parvenir à une tension salariale de 1 à 5 entre les revenus les plus bas et les plus élevés.
La notion de «à travail égal, salaire égal», indépendamment du statut, pour tout travailleur occupant la même fonction, et plus encore entre hommes et femmes, occupe une place centrale.
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Pour qu'un travail ait du sens, il doit être digne
Le travail décent doit répondre aux ambitions et aux aspirations des individus. L’Organisation internationale du travail le définit comme un travail qui garantit un revenu décent, la sécurité et la protection sociale pour tous et toutes sur le lieu de travail, et donc aussi l’égalité de traitement entre les femmes et les hommes, et qui rejette toute forme de discrimination.
Travail décent
Par définition, le travail décent doit donc aussi être pertinent, et offrir des possibilités de développement personnel et d’intégration sociale. Il va également de pair avec la liberté d’expression, d’organisation et de participation au processus décisionnel qui concerne ces individus.
Or, nous constatons que de nombreux travailleurs n’ont pas suffisamment d’emprise sur le contenu et les conditions de leur travail pour qu’il soit véritablement question de travail pertinent et décent. C’est encore plus vrai pour les travailleurs occupés sous divers statuts précaires, ou sous de faux statuts tels que les flexi-jobistes, les intérimaires, les travailleurs de plateformes, etc.
Pression trop forte
La pression exercée sur de nombreux travailleurs est trop forte, ce qui entraîne des absences pour maladie de longue durée. Pour certains, le travail n’a donc pas de sens, mais rend malade. Dans ce contexte, il n’est pas possible de mener une carrière complète et d’atteindre l’âge de la retraite à 67 ans.
Avec la multiplication des statuts intermédiaires flexibles et l’adoption du statut d’indépendant, de nombreux travailleurs ne sont pas représentés dans le cadre de la concertation sociale, ce qui les empêche de soumettre leurs préoccupations et d’y apporter des solutions.
Nous plaidons donc pour des conditions de travail décentes, pour tous les statuts, afin que les travailleurs aient (à nouveau) plus d’emprise sur leur travail et leur carrière.