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Pourquoi ouvrir les supermarchés les dimanches et les jours fériés n'est pas une bonne idée

Comme d'autres syndicats, la Centrale nationale des employés (CNE) s'oppose fermement à la proposition du (probable) futur gouvernement Arizona d'ouvrir les grandes surfaces les dimanches et les jours fériés. Pourquoi? Explications.

Parmi les mesures actuellement envisagées par la coalition Arizona dans le cadre des négociations au niveau fédéral figure la suppression de l’interdiction du travail du dimanche et des jours fériés. La CNE Commerce, ACV-Puls Retail et la CSC Alimentation et Services ont interpellé les présidents de partis. Selon eux, ces mesures seraient catastrophiques pour les travailleurs et le petit commerce.

"La loi actuelle permet aux magasins d’ouvrir six dimanches par an à certaines conditions et aux magasins d’alimentation d’ouvrir jusque midi. En même temps, des dérogations autorisent certains petits commerces - les boulangeries, les fleuristes et les magasins de moins de cinq travailleurs notamment – à ouvrir le dimanche. Si toutes les enseignes avaient cette possibilité, ces petits commerçants seraient directement menacés", souligne Myriam Djegham, permanente nationale CNE du secteur commerce. "Cette dynamique est déjà à l’œuvre avec la franchisation des magasins Mestdagh et Delhaize dont un nombre important ouvre tous les dimanches au-delà de midi en se moquant ouvertement de la législation. Ils créent une concurrence déloyale vis-à-vis des magasins qui respectent la loi. L’ouverture généralisée des commerces le dimanche aboutirait à un transfert de chiffre d’affaires, où les grands acteurs écraseraient définitivement les petits."


"Aujourd’hui, les magasins réalisent du chiffre le dimanche parce que les autres sont fermés. Si tous les commerces avaient la possibilité d’ouvrir le dimanche, l’avantage d’attirer les clients des magasins concurrents disparaîtrait", poursuit Myriam Djegham. "Les clients n’achèteraient pas plus parce que leur magasin ouvre plus souvent. Ils étaleraient simplement leurs achats. Cela n’aurait donc pas d’impact sur le chiffre d’affaires du secteur et aucun emploi ne serait créé. De plus, la majorité des travailleurs qui prestent le dimanche ont des contrats précaires, mal payés, souvent des contrats étudiants ou des flexi jobs. Il n’y a aucune raison que cela s’améliore."


"Le commerce, secteur majoritairement féminin, souffre déjà de conditions de travail particulièrement difficiles. Les horaires variables, les journées qui se terminent tard, les rares samedis de repos et la flexibilité rendent la conciliation entre vie professionnelle et vie privée extrêmement compliquée. Ajouter des prestations les dimanches et étendre les heures d’ouverture en soirée ne fera qu’aggraver cette situation", relève encore la permanente CNE. "De plus, élargir les plages d’ouverture entraînera une augmentation de la charge de travail, y compris pour assurer la logistique à partir des dépôts, alors qu’il manque déjà de personnel dans la majorité des enseignes. Avec un nombre de travailleurs constant, cela aboutira à moins de personnel présent simultanément en magasin."

C’est pourquoi la CNE commerce avec l’ACV-Puls et la CSC Alimentation et Services alertent sur le désastre que de telles mesures causeraient aux travailleurs et travailleuses du secteur ainsi qu’au petit commerce.

"En ouvrant le dimanche, on crée du travail précaire"

Annie Izzo est responsable d’un magasin Lidl à Chapelle-lez-Herlaimont mais aussi déléguée au CE, au CPPT et en DS depuis 16 ans. Elle partage la même analyse que Myriam Djegham.

"Lidl n’ouvre pas ses magasins le dimanche. Il y a eu des exceptions pendant des périodes de fin d’année mais ces deux dernières années, Lidl ne l’a pas fait. Pourquoi? Parce qu’ouvrir les 304 magasins les six dimanches autorisés par année coûte cher à l’enseigne. Il y a quelques années déjà, nous avons négocié soit que les travailleurs soient soit payés triple ces jours-là, soit qu’ils récupèrent deux jours. On avait déjà tout fait pour éviter que l’ouverture des magasins le dimanche se généralise. Lidl l’a essayé quelques années mais ces deux dernières années, la direction a décidé de revenir en arrière, ce qui est très bien pour nous."

"La direction n’en parle pas pour le moment, mais si elle envisageait de rouvrir les six dimanches autorisés, elle essayerait de renégocier les conditions de travail. Et si elle avait l’opportunité d’ouvrir les magasins tous les dimanches comme ça s’annonce avec les mesures gouvernementales, il n’y aurait rien à négocier. Elle aurait le droit de le faire sans contrepartie pour les travailleurs", poursuit Annie Izzo. "Cela entraînerait une surcharge de travail pour le personnel actuel. Les directions étaleront les heures de travail alors que la surcharge est déjà problématique dans les magasins. On aurait moins de personnel par journée dans les filiales et la charge de travail ne ferait qu’augmenter. Pour compenser, ils vont engager des étudiants, c’est-à-dire de la main d’œuvre bon marché pour l’entreprise."

"Personnellement, je suis contre le travail du dimanche parce qu’on a assez de temps du lundi au samedi pour faire nos courses et mon budget ne va pas augmenter si on est ouvert 7 jours sur 7", souligne encore la déléguée CNE. "Vu la progression de son chiffre d’affaires et une belle part de marché, on voit que Lidl ne souffre pas de la concurrence des enseignes. Ses concurrents directs sont Colruyt et Aldi qui n’ouvrent pas le dimanche, sauf exception. Mais s’ils ont l’opportunité d’ouvrir sept jours sur sept sans sursalaire, ils vont aussi le faire pour éviter que les gens dépensent de l’argent ailleurs."

Pour Annie Izzo, il est évident que "les arguments du gouvernement pour permettre l’ouverture à tout moment, c’est la flexibilité, l’annualisation du temps de travail et le développement des contrats précaires". "Moins on payera les gens, mieux ce sera pour les directions. On est gouverné par le capitalisme et on s’en fout du travailleur. Ce n’est que du profit pour le monde patronal."