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"L’idée que Decathlon peut fonctionner sans syndicats vacille de plus en plus" après la fermeture annoncée de Willebroek

Le 23 avril 2024, Decathlon confirmait mettre fin à ses activités logistiques de Willebroek et assumait sa volonté de supprimer au moins 132 emplois. Un coup de massue pour le personnel de son dépôt anversois mais aussi pour les autres employé.e.s de l’enseigne française qui, à quelques jours des élections sociales, peuvent faire entendre leur voix… et inverser la tendance.

 


 

"Decathlon, c’est loin d’être un patron exemplaire!" En charge de traiter les dossier inhérents à l’entreprise française pour la CNE, Pietro Tosi déplore une fois encore les derniers choix stratégiques opérés par le géant du commerce. "On avait des craintes quant à l’avenir du dépôt de Willebroek mais on espérait toujours pouvoir discuter et négocier avec la direction. Mais comme d’habitude, tout s’est enchaîné sans concertation sociale. C’est triste. Les travailleurs et les travailleuses méritent mieux."

Loin d’être abattu pour autant, Pietro Tosi espère que l’annonce récente de Decathlon va continuer d’éveiller les consciences au sein de son personnel. Et ce, d’autant plus qu’une grande échéance approche…

Pietro Tosi, où en est-on après l’annonce de Decathlon de fermer le dépôt de Willebroek ?

Le 23 avril, lors d'un conseil d'entreprise extraordinaire, la direction de Decathlon a affirmé vouloir supprimer 132 emplois à Willebroek d'ici la fin de l'année. Malgré des bruits de couloir persistants, ça a été un choc pour les employé.e.s. Face à l’ampleur de cette annonce, le front commun syndical compte bien se battre pour faire respecter les droits de chacun au mieux. Et pour la première fois depuis bien longtemps, une réunion physique, en présence des secrétaires syndicaux, aura lieu le 7 mai.

Quelles sont les priorités de la CNE dans ce dossier ?

Ce que l’on veut ? Que l’enseigne Decathlon avoue qu’elle ne sera pas en mesure de réembaucher tout le personnel licencié à Willebroek et qu’elle prenne des mesures concrètes (et collectives) pour accompagner au mieux chaque travailleur. Pour l’instant, on invite le personnel du dépôt de Willebroek à ne rien signer. Car, ce que veut Decathlon, c’est isoler les travailleurs avec des accords individuels au rabais.

Qu’est-ce qui cloche chez Decathlon ?

Sur les quatre dernières années, il n’y a eu aucun respect de la concertation sociale dans l’entreprise. La direction refuse les réunions physiques, même depuis la fin de la crise sanitaire. Tout se fait uniquement par écran d'ordinateur interposé. Quant aux réunions du CPPT, elles durent à peine plus longtemps, mais il n'y a jamais de réel débat. Il est temps que ça cesse… C’est d’ailleurs pour cette raison qu’on a décidé de déposer une plainte au pénal contre l’enseigne en décembre dernier.

Les plaintes sont-elles récurrentes contre Decathlon ?  

À la CNE, nous avons déjà ouvert plusieurs dossiers pour défendre en justice des employé.e.s de l’enseigne. Cela va du licenciement abusif au salaire minimum qui n’a pas été payé. Mais même sans aller aussi loin, Decathlon fait tout pour contourner ou détourner la législation. Combien de fois on n’a pas entendu des membres du personnel se plaindre de voir leurs horaires modifiés par leur direction sans qu’ils n’aient eu leur mot à dire ? C’est juste illégal ! Mais les choses pourraient bien changer prochainement…

C’est-à-dire ?

À Willebroek, on joue les arrêts de jeu pour limiter la casse. Mais dans les autres dépôts et dans les autres magasins de l’enseigne, rien n’est encore joué ! Et c’est encore plus vrai avec les élections sociales qui arrivent… Car ces élections vont clairement donner le ton des quatre prochaines années. Si le personnel de Decathlon vote massivement pour ses représentants, un nouveau rapport de force peut s’installer à partir de juin.

En quoi les prochaines élections sociales seront-elles si importantes dans l’enseigne ?

En plus de ces deux anciens représentants, la CNE a convaincu de nouveaux affiliés de se porter candidats dans leur entreprise. Et on a désormais l’espoir d’avoir trois élus aux prochaines élections sociales afin de construire enfin un début de dialogue social avec Decathlon.

Comment convaincre le personnel de Decathlon de voter pour ses candidats CNE (CSC) ?

Actuellement, il y a une grande différence de perception entre les dépôts et les magasins. Dans les boutiques, l’idée que Decathlon est une entreprise libérée des contraintes extérieures – dont les organisations syndicales – persistent encore. La direction parvient toujours à convaincre une partie de ces employé.e.s que tout se règle individuellement et de façon amicale, entre guillemets. D’où la difficulté pour les syndicats de s’organiser dans les magasins de la marque. Mais ce qui se passe actuellement dans les dépôts oblige les vendeurs de l’enseigne à s’interroger réellement sur l’apparente gentillesse de leurs dirigeants. En voyant la façon dont sont traités leurs collègues de Willebroek, ils commencent à comprendre que Decathlon n’est pas aussi bienveillante envers son personnel.

La médiatisation des licenciements du dépôt de Willebroek permet-elle de délier les langues dans les magasins ?

Oui car les employé.e.s osent désormais poser des questions aux candidats qui se présentent aux élections sociales, ce qui n’était pas forcément le cas avant. L’idée que Decathlon peut fonctionner sans syndicats vacille de plus en plus depuis quelques jours.

Le personnel des magasins doit-il avoir peur ?

Nous ne voulons pas effrayer inutilement les travailleurs et les travailleuses. Mais on ne peut pas se voiler la face non plus. Les employé.e.s doivent comprendre que les choix posés récemment par la direction – à savoir plus de commandes en ligne et moins de stock disponible – risquent d’impacter les magasins en favorisant une réduction de la main d’œuvre. C’est ce que l’on observe déjà dans les dépôts par ailleurs puisqu’on y voit une automatisation grandissante des tâches quotidiennes. D’où l’importance de vite faire remonter les problèmes à l’aide de représentants syndicaux.