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Edito - Ce 8 mars, grève féministe

16 février 2023, 5h20 du matin.
Marina, travailleuse chez Mestdagh, se réchauffe au coin du brasero. Le piquet de grève vient tout juste d’être installé devant le dépôt Intermarché, actionnaire qui a récemment racheté Mestdagh. Elle se bat contre le fait que les magasins Mestdagh soient franchisés et, prochainement, transférés chez des indépendants. Qui dit franchise, dit changement de commission paritaire, salaires plus bas, conditions de travail dégradées et beaucoup moins de droits pour défendre collectivement les travailleuses. Mestdagh et Intermarché refusent de garantir les droits des travailleurs et la concertation sociale. Alors on bloque. Marina, depuis 5h du matin, empêche les camions d’accéder au dépôt. Dans le secteur du Commerce, 60% des employés sont des femmes et 60% d’entre elles travaillent à temps partiel avec des salaires bien trop bas.

6 février 2023, 13h30, au siège du MR.
Marie*, occupe, avec plus de 200 syndicalistes et activistes le siège du MR, du PS et d’Ecolo. L’objectif ? Puisque les politiques ne l’entendent pas, elle va jusque dans leurs sièges pour qu’ils prennent la pleine mesure de ce que vit la population en Belgique. Ses revendications : bloquer les prix de l’énergie, sortir le secteur de l’Énergie de la logique du marché et augmenter les salaires. Marie est mère d’une famille de trois enfants, son salaire est de 1.300€ par mois, sa dernière facture de régulation d’énergie s’est élevée à 900€. Les familles monoparentales sont particulièrement touchées par la hausse des prix de l’énergie, à leur tête dans 80% des cas, une femme. Avec d’autres, Marie se mobilise pour exiger du politique qu’il agisse sur les causes de la crise : un secteur de l’énergie livré à la logique du profit, et un partage des richesses toujours plus inégalitaire.

31 janvier 2023, 11h20, boulevard Botanique.

Véronique, aide à domicile, scande « assez de blablabla, on veut plus de bras ». 25.000 travailleurs et travailleuses du Non Marchand manifestent dans les rues de Bruxelles à la recherche du collègue fantôme. En tant qu’aide à domicile, Véronique court d’un domicile à l’autre, à faire 6 à 8 prestations par jour. Le manque de personnel provoque une surcharge de travail quotidienne et la pénibilité du métier est telle que recruter est difficile. On peut lire sur une pancarte « Assez de nous épuiser au travail, l’effectif minimum = la norme toute l’année ». Dans le secteur Non Marchand, 75% des travailleurs sont des travailleuses. Des travailleuses qui demandent que la pénibilité de leurs métiers soit aussi reconnue.

3 femmes, 3 travailleuses, 3 syndicalistes, qui se battent pour défendre les droits des travailleuses, contre la logique de profit qui fait s’envoler le prix de l’énergie, pour de meilleurs salaires et de meilleures conditions de travail.

3 combats féministes. 3 raisons de se mettre en grève le 8 mars.

Le 8 mars, la CNE appelle à la grève pour la journée internationale de lutte pour les droits des femmes. Ces trois combats, mais il y en a des centaines d’autres, montrent de manière très explicite qu’être syndicaliste sans être féministe n’aurait pas beaucoup de sens. Lutter pour les droits des femmes face au patriarcat et lutter pour les droits des travailleur.euse.s face au capitalisme sont, en fait, deux combats qui vont de pair. A la CNE, nous n’avons pas peur de nous revendiquer comme syndicat féministe. Parce que l’égalité homme-femme est au coeur de notre projet social.

Clarisse Van Tichelen