Congrès Finances : bonnes résolutions pour 2016… et après
Spéculation, déconnexion de l’économie réelle et fraudes à large échelle ont dégradé l’image des banques et des assurances, au point qu’on oublie la responsabilité politique non assumée en amont de tous les problèmes.
Le personnel du secteur financier se trouve souvent en première ligne face aux critiques portées contre les banques et assurances, depuis la crise économique.
Réunis en congrès en novembre dernier, les militantes et militants de la CNE Finances ont partagé leurs constats et leurs priorités pour l’avenir. Ils lancent aujourd’hui trois messages essentiels.
Les travailleurs du secteur sont aussi des victimes de la crise
Si le secteur a longtemps fait figure de refuge pour l’emploi, la crise de 2008 a fondamentalement changé la donne. Aujourd’hui, les travailleurs du secteur paient trois fois le prix de la crise : par un nombre de plus en plus élevé de pertes d’emplois, par la détérioration matérielle des conditions des travail, et par l’augmentation du stress lié au sous-effectif et aux nouvelles exigences managériales.
Un secteur en pleine (r)évolution
L’arrivée de nouveaux acteurs venus du monde de l’internet, les transformations du rapport avec les clients (à travers les plateformes de crowsfunding, l’uberisation est aussi présente dans ce secteur), et l’accélération des changements technologiques vont radicalement changer le rapport au travail dans les prochaines années. Les entreprises semblent peu préparées à affronter la tempête. Certaines se replient sur leur core-business, d’autres décident d’élargir leur gamme de produits, parfois bien au-delà de la finance traditionnelle. Tout ceci se passe dans un contexte où la réglementation du secteur reste insuffisante.
La CNE Finances appelle donc le monde politique à imposer des règles strictes au monde financier. Elle appelle aussi les entreprises et leurs organisations (Febelfin et Assuralia) à développer un vrai projet durable pour remettre la finance au service de la société.
Se tourner vers les jeunes et vers les femmes
La Fondation Travail Université (FTU) a mené l’enquête dans le secteur, et l’une des conclusions est sans appel : la discrimination entre les hommes et les femmes est encore très présente dans les entreprises. Cette discrimination, qui concerne principalement l’accès aux postes à responsabilité, se retrouve malheureusement aussi dans la structure syndicale elle-même. La CNE revendique donc des mesures, notamment dans l’organisation du travail, qui favorisent l’accès égal aux responsabilités. En interne, la CNE Finances s’engage à adapter ses statuts pour y assurer dès que possible la parité.
Enfin, la situation des jeunes qui accèdent aux emplois disponibles dans le secteur est préoccupante. Ils sont les plus touchés par la multiplication des formes de rémunérations variables et par l’absence de perspectives de carrière. La CNE Finances s’engage donc à porter une attention particulière à la jeune génération, en construisant avec elle ses revendications.
Philippe Samek