Actualité sociale
17/01/2025
Secteur auto : quel modèle social et quelle mobilité voulons-nous ?
Le secteur automobile fait la une de l’actualité économique et sociale avec l’annonce de la restructuration - et désormais de la fermeture – de l’usine Audi à Forest. Les délégués du secteur auto de la CNE ont lancé, depuis 2 ans, un projet pour débattre du modèle social et de la mobilité que nous voulons, tout en préservant l’emploi.
A la CNE, nous cherchons depuis plusieurs années des stratégies face à l’hécatombe sociale annoncée et avons décidé d’aborder désormais cet enjeu via la gestion prévisionnelle de l’emploi. En 2022, nous lançons une réflexion, avec les délégués du secteur, pour éviter les pertes d’emploi, mais aussi pour débattre du modèle social et de la mobilité que nous voulons pour le futur.
Nous avons d’abord récolté le ressenti des travailleurs, via une enquête. L’enquête portait sur la vision que les employés et cadres avaient de leur secteur et de leur emploi, ainsi que sur leur connaissance des enjeux de décarbonation de l’économie et de leur droit à la formation. Nous avons associé nos homologues néerlandophones d’ACV Puls à l’enquête.
Nous avons ensuite rassemblé un maximum d’études réalisées par des experts, au niveau national ou international, pour objectiver les perspectives. Le constat est clair et dramatique : du scénario le plus optimiste au scénario le plus pessimiste sur l’emploi (en France, car il n’existe actuellement pas d’étude belge à ce sujet), on oscille entre 21% et 57% de pertes d’emploi dans les services liés à l’automobile[1] d’ici 2050. De quoi s’alarmer mais aussi mettre en perspective que des choix stratégiques peuvent grandement peser dans l’avenir de l’emploi.
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Que faire face à ces constats ? S’organiser et construire notre rapport de force !
En 2024, nous avons décidé de mettre la gestion prévisionnelle de l’emploi à l’agenda dans chaque entreprise. Le Conseil d’entreprise est compétent sur cette matière, actuellement laissée au frigo ! Quelles fonctions sont amenées à évoluer prochainement ? Quelles tâches vont apparaître ou disparaître, avec la digitalisation et l’électrification des véhicules ? Et quels métiers vont évoluer ? Voilà le menu des prochaines discussions !
Si le Conseil d’entreprise est une porte d’entrée pour tenter de préserver l’emploi des travailleurs, ce sera bien insuffisant pour infléchir les choix des patrons. Nous allons aussi discuter avec le personnel de l’urgence d’utiliser leur droit à la formation de 5 jours par an[2] et des freins qui les en empêchent. En effet, bien que la convention sectorielle sur le droit à la formation soit avantageuse, peu d’employés et cadres l’utilisent dans le secteur en raison de la surcharge de travail ou de leur méconnaissance de ces droits. A nous de les informer et de les aider à lever ces obstacles !
+ PUBLICATION | Retrouvez cet article dans notre " Droit de l'employé de décembre 2024 "
Enfin, il reste des questions épineuses : comment faire peser dans la balance des décisions stratégiques les intérêts du personnel, face à l’appétit des actionnaires ? Comment faire entendre aux patrons que l’évolution des métiers est inévitable, mais que les travailleurs et la qualité de leur emploi ne seront pas des variables d’ajustement ? Aucune illusion ne subsiste là-dessus, seulement de la combativité : par la porte ou par la fenêtre, il faudra bien peser dans ces débats !
[1] Syndex, « Electrification de l’automobile et emploi en France ». étude pour la Fondation Nicolas Hulot pour la Nature et l’Homme, Juin 2021.
[2] Dans les entreprises de plus de 20 travailleurs. Retrouvez plus d’informations sur notre page dédiée aux formations