Finances: les travailleurs du secteur veulent du salaire brut, selon une enquête de la CSC
Les deux syndicats de la CSC du secteur Finances (ACV-PULS) et CNE ont mené une grande enquête auprès des employé.e.s pour préciser avec eux leurs préoccupations et préparer les prochaines négociations sectorielles.
ACV Puls et la CNE ont organisé ensemble une enquête auprès des employés du secteur financier. Les questions posées concernaient la satisfaction au travail, mais aussi des thèmes importants: pouvoir d’achat, temps de travail, pression au travail, évolution des métiers… Plus de 6.000 employés ont répondu. Outre qu’ils reflètent la perception des travailleurs, ces résultats fourniront la base sur laquelle entamer les prochaines négociations sectorielles.
Nous avons répertorié les résultats les plus significatifs en fonction des enjeux. Parmi les éléments frappants, les répondants ont clairement indiqué que s’il existe une marge pour augmenter les salaires, cette marge devra être affectée au salaire brut plutôt qu’à tout autre type d’avantage.
Pouvoir d’achat
Nous avons demandé aux employés quelle forme d’amélioration salariale ils préféreraient (dans l’hypothèse où une marge existerait !). Et 90% ont affirmé l’importance d’une amélioration du salaire brut. L’augmentation des autres avantages nets comme les plans cafétaria ou les budgets mobilité n’est souhaitée que comme alternative.
L’enquête a révélé d’autres problèmes sur la question des salaires. Il subsiste d’importantes inégalités entre salariés occupant des postes similaires, et les salaires flexibles sont soumis à l’arbitraire.
Pression au travail
Dans les réponses ouvertes, de nombreux employés ont dénoncé l’augmentation de la pression au travail, considérant cette question comme parfois "plus importante" que le salaire! 16% présentent des symptômes d’épuisement professionnel, et 41% se plaignent de stress au travail. Ces chiffres placent le secteur bien au-delà de la moyenne nationale.
Les réorganisations constantes, l’introduction de nouvelles technologies, et le sous-staffing endémique des services créent un stress intense et permanent.
Temps de travail
Le mot d’ordre syndical est de réduire collectivement le temps de travail avec maintien du salaire et embauche compensatoire. Evidemment, cette revendication historique est difficile à rencontrer. En attendant, nous avons demandé aux travailleurs quelle formule secondaire mettre en avant.
- 28% préfèrent plus de jours de congé
- 24% optent pour la semaine de 4 jours
- 36% souhaitent une diminution du temps de travail liée à l’âge (pour alléger les fins de carrière)
Nous avons demandé quelle était la priorité des salariés entre augmentation du pouvoir d’achat et réduction du temps de travail. 65% ont priorisé le pouvoir d’achat. Selon les syndicats, devant la faiblesse des augmentations salariales (0,4% en 2021-2022 et 0% en 2022-2024), la loi de compétitivité qui interdit la libre négociation collective des salaires doit être abrogée.
Evolution du secteur
Le secteur financier est un laboratoire pour le changement social et l’introduction de nouvelles technologies. Nous avons interrogés les employés sur leur perceptions négative ou positive de ces changements.
Parmi les points négatifs, on note :
- La contraction permanente de l’emploi dans les entreprises, liée à l’externalisation ou à la délocalisation du travail, vers des secteurs ou des pays où le travail est moins cher.
- Les changements unilatéraux et arbitraires imposés dans les systèmes de rémunération, où manquent cruellement l’équité et la transparence.
- La numérisation du travail est imposée d’en haut, sans concertation, et provoque une grande insatisfaction tant chez le personnel que chez les clients.
- Les changement provoquent une rupture générationnelle : 66% des salariés de plus de 40 ans disent subir difficilement le changement, tandis que les moins de 40 ans en apprécient certains aspects, notamment le télétravail.
Parmi les points positifs :
- 75% des personnes interrogées disent pouvoir faire face aux changements. Ce chiffre est légèrement inférieur chez les femmes t les personnes de plus de 40 ans. Néanmoins, de nombreux salariés disent manquer de soutien du management dans ce processus.
- La plupart des répondants sont satisfait de leur emploi. 72% ont répondu souhaiter rester dans leur entreprise si leur poste était modifié. 22% disent vouloir quitter le secteur financier si leur poste disparaît.
Formation
De l'enquête, il ressort encore que 66% des employés savent qu’ils ont droit à 5 jours de formation par an. Toutefois, seulement la moitié des moins de 40 ans on conscience de ce droit.
+ ENQUÊTE | Découvrez les chiffres complets de l'enquête de la CSC via Finances - Analyse secteur 2024
Le premier obstacle à la formation ( selon 60% des réponses) est la charge de travail.
Cette différence entre le droit et l’utilisation du droit est préoccupante, surtout dans un environnement changeant où l’introduction des nouvelles technologies (notamment l’intelligence artificielle) accélère l’obsolescence des compétences.
Conclusion
Avec plus de 6.000 réponses, l’enquête a été un énorme succès.
Nous avons obtenu de nombreuses informations sur la perception de leur environnement par les travailleurs.
Le nombre de réponses provenant des personnels non syndiqués nous indique que les thèmes portés par nos organisations restent vivants et importants pour les travailleurs.
Les informations issues de l’enquête et les commentaires formulés par des milliers d’employés seront le carburant que nous, organisations syndicales, utiliserons dans les prochaines négociations sectorielles.
Nous espérons que les employeurs tiendront compte de ces signaux et accepteront de négocier un accord sectoriel progressiste et ambitieux.
Informations sur l’enquête
La CNE et ACV-Puls ont récolté 6.059 réponses à leur enquête.
Au total, 45% des répondants étaient membres d’un syndicat.
Sur l'ensemble des réponses obtenues, 74% concernait des personnes travaillant en Flandre contre 26% pour la partie francophone du pays.