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Laissez la sagesse gouverner!

Les 17 et 18 octobre, un millier de militants se sont réunis lors du congrès national « Le travail à retravailler ». Ensemble, ils ont défini la politique de la CSC en matière de travail, de revenus dignes et de réorganisation de notre système économique et social.

Dans son discours de clôture, la présidente de la CSC, Ann Vermorgen, a lancé un appel à la raison et au progrès social.  Vous pouvez lire l'intégralité de son discours ci-dessous.

Chères Amies, Chers Amis,

Je regarde cette salle et je suis fière.  Je suis fière de chacune et de chacun des 1.000 participants à ce congrès.

Vous l’avez bien entendu : ce congrès réunit 1.000 personnes. Des militants, des collaborateurs et des collègues étrangers. Jamais un congrès de la CSC n’a réuni autant de participants. Croyez-moi, c’est vraiment très particulier. Je ne connais guère d’autres organisations qui pratiquent cette forme de démocratie de base. Nous devons l’entretenir !  

Des gens qui parlent pour les autres, nous en connaissons beaucoup. Mais des gens qui donnent véritablement une voix aux gens, ceux-là sont vraiment trop rares. C’est le travail que nous accomplissons lors de ce congrès. C’est le rôle que vous jouez au quotidien. 

Faire entendre la voix des travailleurs, de ceux qui ne peuvent pas travailler et de ceux qui ont travaillé toute leur vie, tel est votre rôle. 

Chères Amies, Chers Amis,

J’ai récemment visité une usine de fabrication de cordes. C’est un secteur méconnu. Pour moi aussi, ce fut une véritable découverte. Sachez-le, le patron voulait que les délégués me fassent visiter l’entreprise. Il pensait que les délégués étaient les mieux placés pour ce job : « Ils connaissent l’entreprise sur le bout des doigts et ils connaissent tout le monde ». Voilà qui montre un véritable travail syndical. 

Vos collègues du terrain vous ont accordé un mandat explicite pour ce travail syndical. En effet, Chères Amies, Chers Amis, la CSC a pour la 16ième fois remporté   les récentes élections sociales. Cette performance, nous la devons aux efforts de chacune et chacun d’entre vous, et vous pouvez toutes et tous en être extrêmement fiers. 
Un syndicat, c’est une association de travailleurs qui fixent un cap ensemble.

Qui identifient ensemble des problèmes. Et qui proposent des solutions à des problématiques de grande ou de moindre ampleur. 

Lorsque quelqu’un vient nous trouver pour exposer des problèmes, parce qu’il a été injustement licencié ou parce que son crédit-temps a été subitement limité, nous nous mettons au travail. Nous essayons de trouver des solutions. Et s’il le faut, nous intentons un recours devant la Cour constitutionnelle ! 

Voilà, Chères Amies, Chers Amis, ce qui est essentiel pour nous : être partie prenante aux préoccupations des citoyens et tenter d’être une force de changement positive. En unissant nos forces. Et en transformant de nombreux petits rouages de notre société en un puissant moteur de changement et de justice. 

Ce travail, nous ne l’accomplissons pas seulement en Belgique, mais dans le monde entier. L’action syndicale est un combat mondial. Permettez-moi de remercier tous les collègues venus du monde entier, et plus particulièrement les présidents de la CSI et de la CES, qui sont présents parmi nous aujourd’hui.   Chers collègues syndicalistes du monde entier, merci d’être venus.

En effet, pour être forts, les travailleurs doivent s’unir. Dans les entreprises.
Dans les secteurs. Au niveau interprofessionnel. Mais aussi par-delà les frontières. La CSC met un point d’honneur à inscrire dans un contexte international le travail qu’elle accomplit en Belgique. Act local ánd act global !

Chères Amies, Chers Amis,

Le nombre de participants n’est pas le seul fait marquant de ce congrès. Je suis particulièrement fière de tout le travail accompli lors de ce congrès. Il y a plusieurs mois, déjà, nous avons entamé dans tout le pays des discussions dans le cadre de ce congrès. Proposition après proposition, le contenu de ce congrès a pris forme et les différents composants se sont imbriqués les uns aux autres. Ces derniers jours, nous avons poursuivi les débats sur ce contenu. Et nous avons abouti à une multitude de propositions intéressantes.

Dans les groupes de travail, j'entends la demande explicite d'abaisser les seuils de représentation syndicale dans les PME. Les seuils pour la création d'un comité de prévention et de protection au travail ou d'un comité d'entreprise devraient effectivement être abaissés. De cette manière, les employés auront davantage voix au chapitre. 

Les participants aux groupes de travail demandent également un meilleur soutien pour les travailleurs malades de longue durée. Ceux-ci ont besoin de plus de soutien. Le retour au travail doit être un droit, pas une obligation ! Une CCT 104 remaniée peut être un outil efficace à cet égard.

Mais j'ai également entendu des suggestions intéressantes que nous devrons examiner de plus près. Il s'agit notamment d'accorder plus de temps et d'assurer un meilleur équilibre entre vie professionnelle et vie privée. Par exemple, envisager de considérer les longs trajets domicile-travail comme du temps de travail. 

Ou encore la proposition de donner aux représentants syndicaux la possibilité de refuser toutes les formes de contrats précaires, comme c'est le cas pour les travailleurs intérimaires dans certains cas avec les heures supplémentaires. 
En effet, un congrès ne peut être un aboutissement. 
Il s’agit d’un début. 
Il s’agit aujourd’hui de concrétiser ces orientations. 

En moyens de peser sur la politique et d’avoir un impact.   

Chères Amies, Chers Amis, 

Ce n’est pas un hasard si ce congrès a suscité une participation aussi forte.
Ce n’est pas un hasard si ce congrès a débouché sur des positions et des propositions novatrices et de qualité. 
Ce n’est pas un hasard, c’est une obligation. 
En effet, le monde que nous avons connu ces trente dernières années est marqué, depuis quelques années, par de profonds bouleversements.

Ces derniers sont peut-être encore plus rapides que nous ne l’aurions imaginé lors de notre congrès sur la transition en 2019. Voilà bien matière à réflexion !

Le 18 mars 2020, notre pays a été placé en confinement. Nous pourrions presque l’oublier, mais une rencontre comme ce congrès aurait été inconcevable il y a quelques années. L’obligation de respecter une distance d’un mètre et le confinement ne sont peut-être que de lointains souvenirs. 

Pourtant, je suis certaine que cette période laissera aussi des traces durables et profondes. Des traces très visibles et concrètes, comme de nombreux bureaux vides en raison du télétravail. 

Mais aussi d’autres évolutions, certes moins visibles. Nous avons subitement commencé à nous interroger à propos du rôle de l’Etat et des services publics. Nous avons subitement compris que les pouvoirs publics, et en particulier les services publics et collectifs jouent un rôle essentiel dans notre vie quotidienne. Nous avons compris combien il est important que nos enfants puissent vraiment aller à l’école. Combien la solidité des soins de santé et du secteur du bien-être est importante. Nous avons compris toute l’importance d’un filet de sécurité pour les centaines de milliers de travailleurs qui, du jour au lendemain, ne sont plus capables d’aller travailler et à qui ce travail ne procure donc plus de revenus. Nous avons compris combien il est important que les gouvernements opèrent des choix stratégiques, afin que nous ne dépendions plus totalement d’un lointain producteur asiatique pour la fourniture des masques ou des puces d’ordinateurs. Comme il a été dur, le retour à la réalité, après la période d’euphorie d’un marché non corrigé et totalement libre. 

Nous n’avions pas encore vraiment digéré cette nouvelle quand nous avons brutalement été réveillés pour la deuxième fois. Le 24 février 2022 un pays européen était envahi par un de ses voisins. Des centaines de milliers d’Ukrainiens ont fui leur pays. Ils ont trouvé refuge en Belgique, notamment. Chères Amies, Chers Amis, la E40 passe ici à Brugge et elle continue jusqu’à Kiev, à peine 1.500 km plus loin. Nos amis ukrainiens nous l’ont expliqué hier. We will continue to stand with Ukrainian workers.

L’invasion russe a provoqué une tempête à forte connotation énergétique, économique et sociale. Les prix énergétiques et l’inflation ont atteint des niveaux sans précédent. 

Entre-temps, l’Europe et le monde entier ont été confrontés aux conséquences de plus en plus visibles et dramatiques du changement climatique. Feux de forêts, chaleur extrême, inondations, etc. En 2021, en plein mois de juillet, alors que la population aurait pu oublier ses soucis et profiter d’un bel été, les inondations ont fait 220 victimes en Belgique et en Allemagne. Des milliers de gens ont tout perdu : leur logement et parfois aussi leur emploi. Je me souviens encore du récit de nos délégués de Kabelwerk Eupen AG. Ils ont dû reconstruire leur usine et leurs maisons en un temps record après le désastre.  

Notre monde bipolaire est soudainement devenu un indescriptible fouillis.

De nouveaux acteurs, soucieux d’obtenir des métaux rares et une influence géopolitique, font de plus en plus valoir leur puissance. Nous observons ce phénomène au Myanmar, au Congo, au Soudan. Mais aussi à Gaza et au Liban.  Un feu qui couve se transforme subitement en un brasier. Et au lieu de l’éteindre avec de l’eau, on y jette parfois de l’huile, en provoquant d’incroyables souffrances humaines. 
As ACV we express. deepest and heartfelt sympathy for our Palestinian colleagues and workers caught in this relentless conflict. We stand with you !

Chères Amies, Chers Amis,

Je ne suis pas ici pour vous donner un cours d’histoire contemporaine. Mais soyons clairs : nous sommes à plusieurs carrefours cruciaux de notre Histoire. Je dis bien « plusieurs carrefours ». Nous sommes confrontés à de multiples défis. A chacun de ces carrefours, le monde peut emprunter deux voies. Celle du chaos et de la destruction. Ou celle de la raison et du progrès social.

La feuille de route de la CSC est claire : nous optons pour la raison et le progrès social, comme remède à la destruction. Nous devons oser aborder les problèmes ensemble, pas aux dépens les uns des autres. 

Lorsque j’ai lu la première proposition du formateur Bart De Wever, j’ai eu du mal à y trouver la raison. Veut-il évoquer la destruction sociale au lieu du progrès social ? Plutôt que de prendre le mauvais virage à la croisée des chemins, notre formateur semble s’être complètement fourvoyé. Les cinq partis présents à la table des négociations aujourd’hui, la fameuse coalition Arizona, devront chercher leur inspiration ailleurs. 

Puisque les élections communales sont passées et les responsables politiques enfin sortis du mode électoral, ils peuvent se remettre au travail. Force est de constater qu’il reste encore beaucoup à faire. Le résultat de l’extrême droite en Flandre, comme dans beaucoup d’autres régions d’Europe, reflète l’appel de nombreux citoyens à se faire entendre. Si nous devons condamner unanimement et inconditionnellement les discours de haine, nous ne devons pas être aveugles au désespoir de nombreuses personnes.

Car leurs attentes ne sont pas si différentes de celles de beaucoup d’autres citoyens.

Nos responsables politiques doivent montrer qu’il existe de meilleures réponses que celles de l’extrême droite, au lieu de suivre leur sillage. 

Chers Amis, si les partis extrémistes obtiennent de si bons résultats, ce n’est pas sans raison. De nombreuses citoyens se sentent marginalisés. Leurs besoins et leurs souhaits ont été ignorés pendant des années. Utiliser les règles budgétaires européennes pour concrétiser davantage les rêves libéraux, en abandonnant encore plus de personnes à leur sort, est bien la dernière chose qui puisse arriver. 

Ce qu’il faut, c’est investir. Investir dans l’humain, dans les services collectifs et publics, ainsi que dans la transformation économique et écologique, oui. Opérer des coupes budgétaires qui nuisent aux citoyens ordinaires, c’est non !

Nous devons renforcer notre sécurité sociale, et pas l’affaiblir ! 

De quoi faut-il donc faire preuve dans les négociations ? 

De sagesse, Chères Amies et Chers Amis, c’est ce qui fait actuellement défaut. 
C’est ce que je souhaite aux négociateurs du nouveau gouvernement fédéral : de la sagesse, pour favoriser le progrès social. 
La sagesse d’aspirer à un revenu décent pour tous, ce qui implique de ne pas manipuler l’index qui a si bien protégé nos revenus ces dernières années.

Cela signifie également qu'il n’y a pas de place pour un nouveau gel des salaires alors que les entreprises réalisent des bénéfices record. Cela signifie qu’il faut enfin réviser la loi sur la norme salariale.

Chères Amies, Chers Amis,

je souhaite aux négociateurs de faire preuve de sagesse et de veiller à ce que chacun puisse accéder à un emploi et donc à la sécurité. C’est bien autre chose que d’exclure les gens de l’assurance chômage et de les pousser vers le CPAS. 

Je leur souhaite la sagesse de faire en sorte que le travail soit à nouveau plus équilibré. C’est donc bien autre chose que de demander une flexibilité excessive. C’est autre chose que de sabrer dans le crédit-temps et les emplois de fin de carrière. C’est empêcher que le travail rende les gens malades. Redonner du temps aux citoyens. Octroyer une cinquième semaine de congés payés à tous les travailleurs, y compris ceux des PME.

Je leur souhaite également la sagesse de renforcer les services collectifs, publics et non marchands. Car les citoyens ordinaires ont besoin de ces services au quotidien. Que ce soit pour le ramassage des ordures, un enseignement de qualité et des soins de santé solides ou des transports publics efficaces. 

Je leur souhaite la sagesse de garantir un tissu économique solide, tourné vers l’avenir et qui intègre une industrie forte. Nous devons abandonner de toute urgence le concept de modération salariale. Nous ne pouvons pas, et surtout, nous ne voulons pas être moins chers que la Chine… mais nous voulons des emplois plus locaux et donc plus neutres sur le plan climatique, afin que les citoyens, l’économie et la planète en bénéficient pleinement.

Ceux qui exigent des autres qu’ils soient raisonnables, Chères Amies, Chers Amis, doivent d’abord l’être eux-mêmes. Nous sommes face à un vieillissement de la population. Nous manquons déjà cruellement de personnel dans les services de soins et dans les classes. Peut-être éviterons-nous de justesse de nouvelles catastrophes climatiques mais ne soyons pas naïfs : relever tous ces défis nécessitera des pouvoirs publics forts et déterminés. Nous n’y arriverons que si chacun apporte sa pierre à l’édifice. Ce n’est un secret pour personne : toutes les personnes présentes dans cette salle font plus que leur part. Depuis des années. Et nous continuerons à le faire. 

Mais il est temps que d’autres fassent enfin de même. La sagesse exige l’instauration d’un véritable impôt sur la fortune. Les intérêts de quelques-uns ne doivent plus primer sur l’intérêt général. Que les partis qui se prétendent courageux prennent enfin des mesures audacieuses pour que les épaules les plus larges supportent le fardeau le plus lourd. Ne pas agir dans ce sens serait un manque de sagesse.

Ces initiatives ne devront pas être prises par le gouvernement. La concertation sociale devra également jouer un rôle clé. Les discussions relatives à l’enveloppe « bien-être » et à l’AIP constituent les premiers obstacles. Nous serons présents dans la concertation afin de trouver des solutions. C’est l’ADN de la CSC. J’espère trouver des partenaires autour de la table, mais là aussi, la sagesse devra prévaloir et les travailleurs devront recevoir le respect qu’ils méritent.

Chers Amis et Chères Amies, 

Nous savons ce que nous voulons en tant que CSC. Nous connaissons aussi les idées stupides et antisociales de certains partis. 

Il ne suffit pas de souhaiter que tous les partis qui négocient fassent preuve de sagesse. Nous devrons aussi le leur faire comprendre. Ils doivent comprendre que nous ne permettrons pas que notre sécurité sociale soit démantelée, alors que nous célébrons son 80ème anniversaire !

Ils doivent comprendre que nous n’accepterons pas que les droits des travailleurs soient relégués dans le passé ! 

Ils doivent comprendre que nous ne nous laisserons pas entraîner dans le désert de l’Arizona !

C’est pourquoi chaque travailleur doit savoir ce qui l’attend si le gouvernement opte malgré tout pour la voie de la rupture sociale. Chaque travailleur doit savoir ce qu’il lui restera si les partis ne reviennent pas à la raison.

C’est pourquoi nous lançons, ici, aujourd’hui, avec vous tous, une campagne pour expliquer clairement à tous les travailleurs ce qui les attend s’il n’y a pas d’ajustement.

Dans les semaines à venir, nous distribuerons ensemble pas moins de 300.000 journaux Arizona. De collègue en collègue ! De porte en porte ! Pour éviter que les négociateurs Arizona ne finissent par nous conduire dans un désert antisocial, où seuls survivent les cactus épineux. 

Cependant Chères Amies, Chers Amis, 

Si nous constatons que nous prêchons dans le désert et que nous ne sommes pas entendus, alors nous devrons aller plus loin et passer à l’action.

En tant que CSC, mais aussi avec tous les syndicats, en front commun. 
Nous devons à tout prix empêcher que notre société se fracture. Ce Grand Canyon, nous n’en avons pas besoin ici. Laissons-le au gouvernement Arizona.